Il y a quelques années, c'était hier, c'était il y a une éternité, j'étais une fille, jeune, sans enfants, qui croquait la vie à pleines dents.
Je travaillais beaucoup, souvent tard le soir, mais je sortais après entre collègues, entre copines, en amoureux.
Je voyageais dès que je le pouvais, plusieurs fois par an dans des destinations lointaines aux noms qui font rêver : Maldives, Thaïlande, Polynésie, Etats Unis, Mexique ...
Ma vie était parfaite, rien ne me manquait, j'étais heureuse et ambitieuse.
Puis j'ai rencontré James, et mes priorités ont changé. Pas tout de suite, évidemment. On a commencé par s'aimer, beaucoup, par voyager, souvent et par profiter, tout le temps.
J'avais 30 ans, c'était le printemps, la vie s'écoulait doucement ...
Puis l'idée est arrivée. Elle a commencé à germer en lui, en moi, en nous. Elle s'est mise à grossir pour devenir évidente et omniprésente. On voulait un enfant, sans savoir pourquoi, sans savoir à quoi s'attendre vraiment.
On s'est lancés dans l'aventure sans trop y réfléchir, tête baissée avec l'insouciance et la confiance des couples amoureux à qui rien ne peut arriver. C'était mieux. Quand on réfléchit trop on trouve toujours de bonnes raisons pour ne pas se jeter à l'eau, rester raisonnable et s'accrocher à ce que l'on connaît déjà et qui rassure.
Notre fille est née quelques temps après.
Notre vie a été transformée. Notre couple a laissé place à une famille, nos voyages sont devenus beaucoup moins fréquents et moins lointains, nos sorties plus rares mais bien plus appréciées et notre amour moins exclusif, moins passionnel mais encore plus fort et plus profond.
Depuis 5 ans je suis maman et je ne me rappelle quasiment plus de cette vie d'avant. Les photos de nos voyages paradisiaques et le souvenir de notre rencontre me rappellent quand même que la vie était belle, aussi, mais je me demande aujourd'hui comment on a pu vivre sans elle et sans lui, qui nous a rejoint quelques années après.
Ils sont là tous les deux comme une évidence, comme s'ls avaient toujours existé.
J'ai toujours été une optimiste, une utopiste, j'ai toujours essayé de voir la vie du bon côté malgré les épreuves qu'elle nous a obligés à traverser, mais j'ai l'impression que cette vie a vraiment pris un sens le jour où j'ai serré mes deux tout-petits dans mes bras.
Je ne me lasse pas de les regarder alors que je les connais par coeur.
Chaque jour je les vois grandir, s'épanouir, s'affirmer. Ce n'est pas tous les jours faciles, certains mercredis sont interminables et me font attendre avec impatience l'heure du coucher.
Mais chaque matin j'ai autant de plaisir à découvrir leurs petites têtes ensommeillées aux yeux gonflés et aux cheveux ébouriffés, et cette image vaut tous les clichés des plus belles plages du monde (même si je ne serais pas contre un petit séjour en amoureux à bronzer et à buller).
Bientôt notre famille va s'agrandir. J'avoue j'ai eu peur par moments de ne pas y arriver, de ne pas être capable de gérer une famille nombreuse. Plusieurs fois, alors que mon ventre s'arrondissait, je me suis demandée ce qui m'était encore une fois passé par la tête.
Je viens tout juste d'abandonner les couches, les nuits incomplètes, les biberons, les poussettes et les porte-bébés avec un peu de nostalgie mais aussi un certain soulagement et je vais m'y replonger dans un mois et demi, à plein temps.
Si on m'avait dit il y a 6 ans que je serais bientôt à la tête d'une famille nombreuse j'aurais doucement rigolé. J'avais d'autres projets, d'autres ambitions, d'autres priorités.
Et pourtant.
Aujourd'hui je vis ma vie comme une évidence attendant impatiemment de rencontrer ce troisième petit coeur qui fera battre le mien encore plus fort.
Parce que maintenant, je le sais, le sens de ma vie, c'est sûr, je l'ai trouvé.