Hier soir, comme des millions de téléspectateurs, j'étais confortablement installée dans mon canapé, une boîte de chocolat à la main, à regarder Koh Lanta.
Ces paysages magnifiques, ces eaux turquoises, ces poissons multicolores, cette jungle sauvage, cette vie à la robinson Crusoé m'ont toujours fait rêver.
Les conditions réelles de survie, beaucoup moins.
Moi qui suis capable de battre le record du monde de saut en hauteur face à une minuscule araignée, je m'imagine mal passer une nuit à dormir sur le sable à l'entrée d'une jungle luxuriante. Hostile la nature comme dirait l'autre.
Sans parler du manque de nourriture. Nous ne sommes que 4 à la maison, mais mon frigo et mes placards ressemblent à ceux d'une famille nombreuse. J'ai toujours peur de manquer de quelque chose. Donc, je fais des stocks. Et puis je suis assez difficile aussi. Je rechigne devant du foie gras ou du saumon, je n'aime même pas le jambon alors je me vois mal ingurgiter des vers vivants ou des yeux de poisson crus. Même pour 100 000 euros.
Mais s'il le fallait vraiment, si j'avais quelque chose à me prouver, je pense que je pourrais surmonter, au moins quelques jours heures, ces conditions de survie et intégrer l'équipe des Mawar ou celle des Sungaï. A choisir, j'irais plutôt chez les Mawar. J'aime le rouge (la couleur, pas le pinard). Et leurs chef Namadia aussi, même si il pourrait se bouger un peu plus le popotin sur le camp. Bref. Là n'est pas la question.
Si je suis bien certaine que je ne ferai jamais Koh Lanta, c'est pour une tout autre raison.
Hier soir, quand Namadia a sorti au dernier moment son collier d'immunité, condamnant ainsi l'orgueilleux RAT-vière sous les yeux éberlués de tous ses équipiers, j'ai sauté de joie sur mon canapé face à un James à peine étonné.
Puis l'euphorie est retombée, et je suis allée me coucher.
Et là, j'ai réfléchi (merci les insomnies). Je me suis mise à la place de Javier, de ses proches, de sa femme, de ses enfants. J'ai essayé de m'imaginer ce que ça pouvait faire de passer pour un tyran, un manipulateur aux yeux de millions de français et de belges en l'occurrence.
Au regard des images diffusées hier soir, j'ai trouvé sa personnalité agaçante, son côté manipulateur insupportable, ses réactions inacceptables. Mais comme vous tous, je n'ai vu que les images sélectionnées et montées avec soin par TF1 pour générer de l'audience. Et ça a marché puisqu'hier soir l'émission a rassemblé 6,9 millions de téléspectateurs.
Pourtant au départ, il me semblait sympa Javier. Son portrait le montrait comme un mari aimant, un papa gaga devant ses filles, rigolo dans la vie, bosseur. Un mec normal quoi. Avec tout de même une forte envie de gagner. Mais c'est logique. Je pense que tous les aventuriers engagés dans l'émission sont là pour ça. Avec plus ou moins de rage, mais la même motivation. Celui qui est prêt à se priver de manger et à vivre dans ces conditions-là juste pour la gloire est à mon avis bon pour l'asile. Direct.
Pour en revenir à Javier, une chose qui est sûre, c'est que suite à cette émission, la vie de cet homme ne sera plus jamais la même. Certains téléspectateurs ne se gêneront pas pour l'insulter, lui dire ce qu'ils pensent de son comportement. Y'a qu'à lire ce qui s'écrit sur internet pour imaginer ce qu'il peut entendre aujourd'hui, ressentir et faire endurer à sa famille. Tout ça à cause d'un jeu.
Avant de tirer au sort sa boule, face à Anthony, il disait qu'il était très chanceux dans la vie et qu'il tirerait la blanche. Il avait raison sur une seule chose : il a tiré la boule blanche. Mais le chanceux, étonnamment, c'est le perdant, celui qui a tiré la boule noire et qui est sorti grandi de cette émission, adulé par tous ses équipiers et, j'en suis certaine, par sa famille dont il doit être le héros.
Comme quoi, parfois, la malchance est une chance.
Voilà pourquoi je ne ferai jamais ce genre d'émission. Je serais parfaitement incapable d'assumer sans plier les réflexions des uns et des autres face à un comportement à un moment donné. Si on me filmait toute la journée, même à la maison, en train d'élever mes enfants et qu'on ne diffusait que les images me montrant en train de râler, de punir, de crier, je pourrais facilement passer pour un tyran moi aussi. Alors je m'imagine sur une île déserte, le ventre vide entourée de personnes que je ne connaissais pas quelques jours avant, dans un climat de compétition et de rivalité. J'suis certaine que ce ne serait pas toujours beau à voir. Et qu'en choisissant bien certaines scènes, on pourrait facilement casser mon image de gentille maman. Pourtant vous pouvez me croire, j'suis une gentille dans la vie. Vraiment.
Tout ça pour dire que bien sûr je vais continuer à suivre Koh Lanta et même à attendre la diffusion de l'émission vendredi prochain avec impatience, mais il faut vraiment prendre ce genre d'émission avec du recul.
C'est un divertissement Koh Lanta, c'est pas la vraie vie. Faut faire gaffe quand même avec la télé, hein.
Voilà pourquoi je ne ferai jamais Koh Lanta.
Maintenant si la prochaine saison a lieu au Pearl Beach Resort ans Spa de Bora Bora, en all inclusive .... et sans caméra, je veux bien faire partie du casting.
Et vous, vous regardez Koh Lanta? Vous en pensez quoi?