4h15, mon réveil sonne.
Je me lève après une nuit de sommeil bien trop courte rythmée par les réveils de Little Girl. Ma grande fille de 7 ans s'est réveillée plusieurs fois, paniquée : je dois prendre un avion pour Paris vers 6 heures du matin, elle a peur que je ne revienne pas.
Je la rassure, je lui explique à plusieurs reprises que je ne risque rien, qu'il ne m'arrivera rien et que je serai de retour à Bordeaux pour la sortie de l'école.
D'ailleurs, que pourrait-il m'arriver ? Je vais simplement à Paris. Pas dans un pays en guerre.
5h15 je pars pour l'aéroport.
7h30 j'atterris à Paris. Il fait encore nuit. Dans l'aéroport les boutiques viennent d'ouvrir. Quelques hommes et femmes d'affaire pressés courent pour attraper leur avion sous les yeux habitués des policiers et des militaires armés qui sillonnent l'aéroport d'un pas nonchalant.
8h30 je suis sur les Champs-Elysées. Le jour s'est levé mais la ville est encore un peu endormie. J'en profite pour flâner sur la plus belle avenue du monde, j'observe le balais des machines qui accrochent les décorations de Noël, certaines boutiques ont déjà décoré leurs vitrines, des guirlandes lumineuses clignotent, il flotte un léger air de fête.
9h00 je suis installée dans un très bel hôtel. Je prends un petit déjeuner, je discute, je retrouve certaines connaissances, je fais quelques nouvelles rencontres et assiste aux côtés d'un couple célèbre à la projection d'un film plein d'espoir. Tout le monde est heureux, détendu, on réalise qu'avec des gestes très simples on peut sauver des vies à l’autre bout du monde. C'est un beau message que j'ai hâte de relayer sur mon blog.
11h00 Après un rapide passage au Disney Store (l'anniversaire de Little Girl approche), je saute dans un métro direction l'aéroport.
12h15 j'embarque dans l'avion.
13h45 j'atterris à Bordeaux un peu déboussolée mais heureuse de cette matinée express passée dans la capitale.
16h00 à la sortie de l'école ma fille court dans mes bras dès qu'elle m'aperçoit. Elle est soulagée de me retrouver.
22h30 après cette longue journée, je vais me coucher. James vient me rejoindre. Il allume la télé. Il me dit que quelque chose se passe à Paris.
Le match de foot se termine, une édition spéciale du journal commence.
Comme des millions de français au même moment on découvre l'horreur. Mes mains et tout mon corps tremblent, je suis tétanisée. Je n'arrive pas à y croire. Je n'ai plus sommeil. J'ai mal au coeur.
Une fois de plus Paris souffre, une fois de plus, elle est la cible de terroristes qui pensent pouvoir défendre leur cause en semant l'horreur et la panique.
Pourquoi ?
Je suis triste.
Je pense à toutes les personnes touchées de près ou de loin par cette nouvelle vague d'attentats, à toutes ces victimes innocentes.
Ces personnes ont été tuées alors qu'elles avaient simplement décidé de sortir ce vendredi soir, de profiter, de s'amuser, de partager.
De vivre.
Aujourd'hui je suis tiraillée entre la colère et la peine, entre la peur et l'envie farouche de ne pas céder à la terreur.
Je n'oublierai jamais ce vendredi 13 novembre, ce jour où Little Girl avait peur que je ne rentre pas de Paris. Ce jour où je lui ai répété en boucle qu'elle ne devait pas s'inquiéter, qu'il ne pouvait rien m'arriver.
Comment lui expliquer que je lui ai menti ? Que ce vendredi 13 novembre 2015 de nombreuses personnes ont perdu la vie simplement parce qu'elles étaient à Paris ?